Étudiant ? Oui c’est moi, mais je suis une personne avant tout
by Guilhaume Garcia
Vous êtes à la recherche d’un article plein de termes techniques et d’idées révolutionnaires qui vont complètement changer votre manière d’enseigner ? Alors ne continuez pas la lecture parce que vous risquez de perdre votre temps, désolé.
En revanche, si des mots comme sincérité, authenticité, et ouverture d’esprit vous intéressent, je vous propose de me suivre. Mettez-vous à l’aise, respirez profondément, faites descendre vos yeux d’une ligne et c’est parti !
Encore une ligne…
Bon et bien ça y est, vous avez franchi le pas ! J’ai réussi à piquer votre curiosité il me semble. À votre avis, pourquoi ? Qui a choisi de lire ? Est-ce que c’est ce super professeur que vous êtes, débordé par les heures de cours et par les gros paquets de copies à corriger ? Ou est-ce plutôt la personne, celle qui veut se dépasser, pleine de curiosité et qui vit avec sa valise émotionnelle ? Et oui …
C’est exactement ce qui se passe en classe. Nous avons souvent trop tendance à considérer nos élèves comme des “élèves” et non pas comme des “personnes” complexes. Ils sont là pour étudier une langue, oui, mais pas seulement. Peut-être qu’ils ont aussi des circonstances personnelles délicates, des limitations dues à leur éducation, des blocages, des difficultés, et des joies, des bonnes nouvelles à partager, des connaissances pouvant intéresser les autres.
Ce qui nous intéresse en classe, c’est de réussir à connecter avec les personnes que sont nos élèves afin que leur apprentissage soit plus sincère et dans une atmosphère de classe plus vraie. Pensez-vous qu’une personne stressée, une personne qui va partir en vacances et une personne qui n’a pas dormi parce que sa fille a été malade toute la nuit arrivent à faire abstraction de tout ça et apprennent de la même manière ? Nous ne pouvons pas les aider pour tout ça, ce n’est pas notre rôle et ils ne sont pas là pour ça. Cependant, peut-être que notre attitude et nos activités peuvent leur permettre de mieux intégrer le cours avec leurs circonstances personnelles et être ainsi plus efficaces dans leur apprentissage.
Vous me direz que c’est bien joli tout ça, mais concrètement, comment on fait ? C’est facile à dire mais pas facile à faire.
Ce n’est pas aussi rapide qu’un coup de baguette magique. Cela demande du temps, car tout se base sur la communication dans une relation de confiance mutuelle.
Pour ma part, j’essaie toujours d’établir une relation un peu spéciale avec chacun de mes étudiants. Tout d’abord, chacun d’entre eux doit se sentir unique, et pas seulement l’élément d’un groupe. Cela peut se faire tout simplement avec de petites phrases “Alors, ça va mieux ta grippe ?” “ Oh, tu as de jolies chaussures !” “Joli match du Real Madrid hier soir !” soit avant de rentrer en classe, soit au détour d’une activité. Il faut juste que ce soit une micro conversation qui n’aie rien à voir ni avec le cours ni avec les autres personnes du groupe.
Ensuite, utilisez les occasions spéciales pour vous rapprocher un peu de vos élèves; une boîte de chocolats le jour de votre anniversaire par exemple, ça fait beaucoup d’effet (Dans certains groupes, les élèves en font de même et n’hésitent pas à venir en classe avec un gâteau pour fêter telle ou telle chose).
Enfin, n’hésitez pas à “casser” le rythme de votre cours avec de petites informations personnelles. Par exemple, si le mot “moutarde” apparaît dans un texte, n’hésitez pas à y aller de votre petite recette du travers de porc au four badigeonné avec du miel et de la moutarde à l’ancienne. Si vous donnez un peu de vous, les élèves donneront un peu d’eux et leurs productions seront plus sincères et viendront de l’intérieur. Cela leur permettra aussi de se sentir plus à l’aise et surtout en confiance. C’est une manière d’entrer dans leur “cercle” un petit peu à la manière de Zorro dans le film Le masque de Zorro. Petit à petit, ils auront tendance à communiquer pour le plaisir et l’envie de communiquer et pas seulement pour remplir l’objectif linguistique. C’est du donnant-donnant. La personne que vous êtes donne, la personne qu’ils sont donne, et du coup le professeur et l’élève y gagnent.
En plus de votre attitude en classe, vous pouvez ensuite faire des activités de classe qui vont aussi dans ce sens-là.
Idée 1: Partager une bonne nouvelle en début de cours
L’idée m’est venue avec un super groupe de A2 que j’ai cette année. Ils aimaient bien parler quelques minutes en début de classe des actualités en France. Mais à force de tant de mauvaises nouvelles aux actualités, je leur ai proposé un jour de commencer le cours en partageant une chose positive, soit de leur vie personnelle soit des actualités. Chacun y est allé de sa petite anecdote allant d’un bon résultat à un examen à une demande en mariage en passant par la mise au point d’un nouveau vaccin et rapidement, la classe s’est remplie d’une super énergie avec laquelle le cours a très bien commencé. Ces quelques minutes ont eu le rôle d’un bon apéro avant le repas.
D’ailleurs, au moment où j’écrivais cet article, j’ai partagé cette idée d’activité avec une collègue et elle m’a fait découvrir un super site que je vous recommande, http://pepsnews.com C’est un site d’actualités positives qui donneront un peu de peps à tout ça. Merci Estelle !
Idée 2: L’ouverture des 5 sens.
Il s’agit ici d’un exercice de relaxation tiré d’un livre de Bernard Werber, Le miroir de Cassandre. Cette activité intégrée à une classe permet de bien baisser le niveau de stress et favorise une production orale sincère. D’un point de vue de la langue, elle sert à travailler le vocabulaire dans son sens le plus large, ainsi que tout ce qui a à voir avec la perception.
L’activité consiste à décrire tout ce que l’on perçoit à travers chacun de nos sens. On commence par la vue, et ensuite, les yeux fermés, on passe à l’ouïe, l’odorat, le goût et on finit par le toucher. C’est très bien pour des petits groupes. Le professeur commence afin de montrer aux élèves ce qu’il attend d’eux puis chaque élève, à tour de rôle, continue. Tout le monde fait la vue, puis, les yeux fermés, on passe à l’ouïe et ainsi de suite. (Je vois une salle avec des chaises, un projecteur, je distingue…)
Il est important de dire aux élèves de ne pas s’inquiéter de la précision de leur vocabulaire ou de la perfection de leurs structures. Une fois l’ouverture des 5 sens terminée, il sera facile de revenir sur les difficultés et on pourra les corriger.
Cette mise en scène ne se limite pas à la salle de classe. Vous pouvez faire ça dans un jardin, sur un banc public ou encore demander aux élèves d’imaginer qu’ils sont dans un endroit de leur choix (au pied de la Tour Eiffel, en montagne, en voiture,…). Cela permettrait par exemple de faire aussi un grand travail d’imagination et du coup le vocabulaire travaillé n’est limité que par l’imagination. Vous avez fait un cours sur l’alimentation ? Imaginons que nous sommes assis à la table d’un bon restaurant ou spectateur d’une épreuve de Top chef.
Au-delà de l’activité, cela peut permettre aux personnes de notre cours de se rendre compte que nous percevons tous une réalité différente, vue depuis notre perspective.
Bref, si on devait résumer un peu tout ça, on pourrait tout simplement dire que nous devons tout d’abord considérer les personnes avant d’essayer d’enseigner aux élèves. Si on arrive à établir une relation de personne à personne la relation professeur-élève s’en sentira grandie et encore plus efficace. Mais attention, ce n’est qu’une partie de l’iceberg. Il ne faut pas oublier la relation de personne à personne entre les participants du groupe.
Mais ceci est une autre histoire…
Author’s Bio: Guilhaume est professeur de français depuis presque 10 ans et coordinateur du département de français à CLIC IH Séville. Il est également depuis peu professeur d’Espagnol langue étrangère. Depuis qu’il a participé à plusieurs cours en relation avec la psychologie, il travaille sur l’importance de la relation humaine à l’intérieur de la classe. Guilhaume has been a French teacher for 10 years and is presently the French departement coordinator at CLIC IH Seville. He is also a recently qualified teacher of Spanish. After taking part in various workshops related to psychology, he has been working on the importance of human relations in the classroom.